Les Récits...

Belfortrail... 
« Aller courir, au pays des « belles filles »…  ça fait rêver, non !? » . « Mouais… »

Juste après mon retour de La Bresse, fin septembre, je n’avais qu’une seule envie : revenir courir dans le massif des Vosges… et être entouré d’aussi jolies traileuses (Cf « « Rayons de soleil » automnaux, au Rainkopf trail… ») ! C’est ainsi que je m’inscrivais, aussitôt, au « Belfortrail », du moins au petit format (« Le Girotrail », 22 km et 1100 m de D+), plutôt que le grand, de 55 km… Car malgré le nom de ce célèbre trail terrifortain, celui-ci ne partait pas de Belfort, mais bien de Giromagny, à un peu plus de 10 km, plus au nord, de la préfecture du Territoire de Belfort, et juste au pied du fameux Ballon d’Alsace… De plus, ces trails passaient par « La Planche aux belles filles », célèbre station haut-
Saônoise, révélée lors du 99e Tour de France, en 2012… Un coin que je ne connaissais pas du tout, mais, surtout, un nom qui faisait plutôt rêver un coureur comme moi… C’est ainsi que, par ce dimanche 18 octobre, je me retrouvais à Giromagny (470m d’altitude, seulement), avec 800 autres concurrents, prêt à m’élancer pour cette toute nouvelle course,   pour   moi !   « Pardon…   Tu ne
serais pas des environs de Metz, toi !? », me demanda soudain mon voisin, un visage complètement inconnu pour moi… « Ben… oui. Enfin, de Thionville, plutôt… » lui répondis-je. « On se connait ? ». En fait, non, on ne se connaissait pas vraiment, juste lui, qui se souvenait de m’avoir entr’aperçu, lors d’autres courses mosellanes… « Mince, moi qui pensais être ici « incognito » ! », lui fis-je remarquer, pour rigoler… Nous nous échangeâmes nos noms, ça ne me disait toujours rien, mais n’eûmes pas davantage le temps de parler, que la course s’élançait déjà, à
9h30 précises. C’était enfin parti ! Et j’allais certainement me régaler, à nouveau, sur ce tracé vallonné des Vosges du Sud, cette fois-ci… même s’il faisait bien gris, hélas, ce matin ! Enfin, il ne pleuvait pas… c’était déjà ça ! Bon, il y avait bien une petite incertitude, quant aux conditions atmosphériques que nous allions rencontrer, tout là-haut, sur les sommets… Si lundi dernier, une alerte météo « neige » était  lancée,  avec  ses  40  cm  de  poudreuse,  à  1148m, les
prévisions avaient nettement étaient revues à la baisse, le samedi, et ce n’était plus qu’1 centimètre, qui était annoncé ! Ca paraissait bizarre, mais bon. On verrait bien, et puis, un petit « trail blanc » (mais

juste avec quelques centimètres, comme en 2012, à Wisembach…) ne m’aurait pas déplu, après tout… Pour l’heure, nous n’en étions pas encore là, et nous commencions déjà par une montée en forêt, où ça bouchonnait pour le moins (j’étais parti en milieu de peloton…  Erreur !) ! Des lampions, disposés sur le sol, témoignaient du passage de ceux du 55 km, partis au petit matin, c'est-à-dire deux heures  plus  tôt…  Le  village d’Auxelles-
Haut (586m) fut atteint, après cette petite balade forestière, en guise d’échauffement. Les choses allaient vraiment se préciser, maintenant, confirmé par un des signaleurs, une connaissance au Messin, apparemment, que je venais juste de rejoindre… En effet, nous nous mîmes assez vite à marcher sur le sentier, escaladant cette partie dénudée, où ne se poussait que de la bruyère… Nous eûmes bientôt  une
« apparition », et une statue de la Vierge fut visible, là, juste au dessus de nous (« la Vierge des deux Auxelles », en remerciement, pour avoir permis, à ces deux villages, d’avoir été épargnés par les bombardements de la dernière guerre mondiale…). J’en profitai pour discuter un peu avec l’unique personne que je « connaissais », à présent… Il se prénommait Bernard, et était venu, seul, la veille, logeant chez un cousin, habitant Giromagny… Je me souvenais à présent de son nom, quand j’avais essayé, au départ, de voir s’il n’y avait pas possibilité
de faire du covoiturage avec quelqu’un du coin… Mais ça, c’était bien avant que Sophie ne me propose de m’accompagner (pour une fois !), et ce, dès la veille, plutôt que de me laisser partir le jour même, à point d’heure (3 heures de route, prévues, quand même…). Et puis, ça nous ferait presque un week- end en  amoureux… Au  pays  des  « belles filles » !?
Oui… enfin, presque, quoi. Plus rapide que moi en
montée, je laissai filer, à regret, le Mosellan… Le col dAuxelles atteint (827m), nous empruntâmes, à présent, le GR 533, variante du fameux GR5 « Hollande-Méditerranée ». Le sommet de la course (La Planche des belles filles) nous tendait les bras, quelques 320 mètres plus haut, encore ! L’occasion de marcher, à nouveau, à plusieurs reprises, et de demander, à certaines, le temps qu’elles comptaient mettre, n’ayant qu’une très vague idée du temps que j’allai pouvoir mettre… Une des traileuse, tout en me disant qu’on en était déjà à 1h25, m’informa que l’an dernier, elle avait mis 3h15… mais le parcours avait été aussi remanié, cette année. Bon, un peu plus que ce que j’avais pu dire à Sophie (2h45-3h) : j’espérais juste qu’elle ne s’inquièterait pas trop, si je devais avoir du « retard »… Allez,  on verrait encore. Soudain, la forêt se dégagea, une chaume apparût, l’herbe se faisant plus rase… Une antenne apparaissait dans le brouillard (ou les nuages), au dessus de nos têtes. Certainement le sommet de la course, point haut, aussi, de la station familiale de ski. Nous changions aussi de département,  pour entrer, provisoirement, en Haute-Saône… Normalement, une vue à 360° devait nous récompenser
de notre effort, avec les ballons de Servance et d’Alsace bien en vue, mais ce n’était que brouillard… Aucune trace de neige, non plus… et aucune « belle fille » en vue ! « Elles » étaient sûrement plus bas, à la station… Ni une, ni deux, nous avons dévalé, alors,  une piste rouge, « dré dans le pentu », comme ils  disent  ici,  pour  atteindre,  juste  après  la  sculpture  d’ « Inès » (ah, ben… voilà !), au point d’arrivée des téléskis,     un     hangar     où     était     prévu  l’unique

ravitaillement  de  la  course,  après  11  km…  Et  juste  à  la  moitié  du  trail !  Mais  la       2e    partie,
« pratiquement » qu’en descente, irait nettement plus vite (dixit la bénévole rencontrée la veille, au
« Phare »). Comme j’avais mon ravitaillement sur moi (j’étais parti avec mon sac « porte-bidon », plus quelques autres affaires « conseillées », comme des barres énergétiques, le coupe-vent, le bonnet…  Les gants, je les avais mis dès le départ, quand j’avais vu qu’il ne faisait que 4°C, en bas ! Seul un gobelet était ici obligatoire…), comme je m’étais bien hydraté, donc, tout au long des différentes grimpettes, je « shuntais » le ravito, où cela engorgeait pas mal, sous l’abri, je trouvais… histoire de
passer devant certain(e)s et de « récupérer » un peu de temps, du coup ! Après que mes baskets eurent retrouvé une petite portion insolite de macadam (et après avoir dépassé la 2e sculpture en bois du site, symbolisant, la aussi, une autre « belle fille » : elles étaient finalement bien là au rendez-vous, les
« Belles filles » tant attendues… Un peu plus et je ne les voyais même pas, dans ce brouillard !), nous sommes  entrés,  alors, dans  la réserve naturelle des  Ballons  Comtois,  par  un petit sentier monotrace
« technique », comme on dit, dans le jargon, c'est-à-dire un sentier étroit, encombré de pierres, roches et racines, qui montait et descendait, genre toboggan improbable ! Et qui devait nous emmener à l’Etang des Belles Filles (919m), un peu en contrebas… Là où s’étaient noyées, comme le disait la légende, les filles de Plancher-les-Mines (avec à leur tête, la si jolie Inès…), réfugiées sur les Hauts, pour échapper aux Suédois, en 1635. A leur    arrivée,
elles avaient préféré se jeter dans l’eau noire, pour s’y donner la mort, plutôt que de tomber entre les mains des cruels mercenaires… Et c’est donc en approchant du fameux étang en question, que nous entendirent les
« Belles Filles » nous appeler… Elles étaient quatre, en fait, dans leurs plus beaux « habits » (une fille et 3 gars, dont un déguisé en  « lapine » et un autre    en…
« Ewok » géant !? Pas eu le temps de bien voir « la » troisième  « belle  fille »…),  à  vouloir  nous attraper,
pour nous faire des câlins ou des bisous… Ne voyant pas les choses sous cet angle, je préférais plutôt leur « échapper » ! Je ne sais pas si certains tombèrent entre leurs « griffes », ou préférèrent, plutôt, se jeter à l’eau, de désespoir… Mais la descente continuait, pour nous, celle qui devait nous emmener jusqu’à Lepuix (506m), donc plus de 400m plus bas. Je rattrapai, alors, Bernard (surpris de me retrouver !) et quelques autres des « belles filles » qui jouaient au yoyo avec moi, et ce, depuis le  départ (c’est étrange de perdre autant de temps dans les montées, avec l’âge…). C’est vrai que je me régalais,  à  courir  comme  un  cinglé,  moi,  dans  ces  pentes…  Soudain,  à  la  faveur  d’un   tronçon
intermédiaire de piste forestière, je vis des véhicules de la Croix Rouge, garés dans l’épingle, tous gyrophares allumés ! Etrange, d’être positionnés juste ici, tout de même ! Ce n’était pas un endroit particulièrement dangereux… Alors que je m’élançais à la poursuite de Mélanie, une de mes « yoyoïstes » du jour, nous entendîmes, soudain, des cliquettements étranges, mais bien caractéristiques, qui nous rappelèrent le bruit des mousquetons des grimpeurs… Y avait-il des falaises, ici, ou du moins un spot d’escalade !? Bizarre… C’est en arrivant à leur niveau, que nous comprîmes bien vite notre erreur. Il s’agissait, en fait, de secouristes qui    se
frayaient un chemin, entre les arbrisseaux, pour accéder, avec leur brancard, à un traileur allongé, là, sur le bord du sentier. Glups ! Nous redoublâmes, alors de prudence… C’aurait été trop bête de se blesser  aussi,  et  de  finir  la  course…  avec  ce  « moyen  de  locomotion » !  Je  repensai  alors  à  la
« joëllette », dépassée peu de temps après le départ (car partie une minute avant nous…) et qui allait devoir passer par ici, elle aussi ! Quelle galère à venir, pour eux ! A nouveau, petite portion de faux- plat montant, cette fois-ci, avec cette nouvelle portion de piste forestière, puis à nouveau des descentes vertigineuses, dans la grande forêt de la Beucinière, mais ludiques comme tout. Je pouvais véritablement m’ « éclater »… mais pas de trop quand même ! Mélanie redoublée, je la sentais revenir sur moi, déjà, à la faveur d’une nouvelle grimpette, mais je tenais bon, cette fois-ci. De plus, je sentais que la fin de la descente approchait, vu la luminosité perceptible, là, à l’orée de la forêt… Et nous

arrivèrent, soudain, sur du bon vieux macadam, bien stable… et si roulant ! Enfin, en principe… car, là, ça ne marchait pas si bien que ça ! Nous étions, en tout cas, revenus en fond  de vallon, et un village apparaissait, là, devant nous. Giromagny ? Non, bien sûr. Je me rappelais alors les explications de la bénévole, la veille, quand nous étions allés retirer mon dossard, au gymnase « Le Phare », à Belfort… « …et juste avant la fin, vous aurez une petite grimpette, au Mont St Jean. Ce n’est pas grand- chose,  mais  il  ne  faut  pas l’oublier,
celle-là… ». Oh non, je ne l’oublierais pas, c’est sûr ! Car dès le village traversé (Lepuix), la rampe qui s’offrit, à nos yeux, fut une véritable « tuerie » ! 280 mètres de montée infernale, nous qui en avions déjà pleins les cuisses, après 2h15 de course, au vu du cadran du clocher de l’église, en passant… Arriverais-je à faire la montée et la descente du mont, qui se présentait à nous, en moins de 30   minutes !? Certainement pas. Je serais certainement en « retard », à l’arrivée, pour Sophie, comme je le supposais… Je rattrapai un concurrent (du coin, apparemment, puisqu’il avait, régulièrement, je l’avais remarqué, des « fans » qui se positionnaient, pour le voir passer et l’encourager…) qui ne fit que confirmer ma crainte : c’était une sacrée grosse bavante, longue, pentue… interminable, quoi ! Lui- même était presque prêt à baisser les bras, devant le « monument »… Je ne l’écoutai plus, rentrai la  tête dans les épaules, baissai le regard (plutôt que les bras ! Non, ne pas regarder vers le haut, surtout !) et affrontai, courageusement, la dernière difficulté de ce trail franc-comtois ! Il restait encore 4 km, d’après ce que je pus entendre, autour de moi, alors que j’étais rattrapé, à nouveau, par tout un tas de coureurs (et de coureuses… dont Mélanie !). Par contre, Claire, j’arrivais encore à la tenir à distance… mais ce n’était pas simple, dans cette montée. Vivement la descente ! Que ce fut long, ce raidillon… Puis, le sommet, à 780 mètres, atteint, je basculai, avec bonheur, dans cette dernière descente, vers la délivrance promise ! Enfin, j’espérais que la bénévole ne m’ait pas caché une quelconque ultime petite difficulté… Je redépassai Claire (qui, elle, ne s’était pas découragée, loin s’en faut, dans la « montée infernale »…), puis d’autres concurrents, qui boitillants, qui se tirant une crampe, qui marchant et buvant, bref, les « éclopés » du jour… dont, heureusement, je n’en faisais pas partie, cette fois-ci ! Et  le soleil qui finissait par percer… enfin ! L’arrivée allait être vraiment des plus motivantes ! Quelques derniers  lacets,  et  le  sentier  laissa  la  place  au
macadam d’une route, côté Giromagny… Enfin ! Les bénévoles rencontrés, postés, essayaient de nous encourager du mieux qu’ils pouvaient, nous indiquant le nombre d’hectomètres restants… et  la facilité du dernier tronçon ! « Plus que 700 mètres… Courage ! ». « OK, merci. C’est sûr, au moins !? ». « Promis ! ». Une jeune concurrente, tout de rose vêtue, me doubla, à ce moment-là… puis s’arrêta aussi sec, saisie d’une crampe, là, à 500 mètres de l’arrivée. Je lui conseillai de tirer dessus, pour la faire partir… et continuai, un peu égoïstement, certes, à courir… à en vouloir finir, surtout, avec cette course ! Soudain, une    « fusée
rose » me redoubla, bien remise de sa crampe, apparemment, d’après ce qu’elle me dit… Je lui conseillai, néanmoins, de ralentir, si elle sentait revenir la douleur. Mais vu la vitesse à laquelle elle disparaissait, devant moi, il n’en fut rien, bien sûr ! Dernier virage, dernière ligne droite… et toute plate, en plus ! Les sprinteurs commençaient à produire leurs efforts, mais pas moi, aujourd’hui. Juste arriver, et m’arrêter, c’est tout ce qui comptait. Soudain, dans mon champ de vision, venant de  l’arrière, une autre forme colorée fit son apparition… Je me retournai. Ce n’était pas un de ces

sprinteurs, qui n’en avait que faire de moi, mais une jeune concurrente qui arrivait juste à ma hauteur… et y restait. J’essayais, maintenant, de maintenir l’allure et étais bien décidé de finir avec elle… si elle le voyait  comme ça, bien   sûr ! Maintenant, si elle voulait foncer… Mais non, et c’est silencieusement que nous terminèrent cette course, ensemble, aucun des deux ne voulant prendre l’avantage sur   l’autre.
Et nous arrivèrent, ainsi, en 2h55’23’’, 492e ex-aequo… et juste avant le 2e du 55 km (Mélanie était arrivée une petite minute avant, Claire arriva deux après et Bernard, presque quatre…) ! Sitôt la ligne franchie, je félicitai la féminine pour ce final… et pour sa course ! « Bravo à vous aussi ! », me répondit Anaïs, cette jeune séniore, inscrite sous les pompiers de Belfort, comme je l’appris après coup… Soudain, une petite voix derrière moi… « Denis ! Denis… Je suis là ! ». Je me retournai… et vit Sophie. Je n’étais pas arrivé à la voir, c’est vrai, dans la masse des spectateurs des derniers mètres… Elle me demanda aussitôt si ça allait. « Oui, mais il faut que je continue à marcher un
peu… » lui répondis-je. Et comme un « poulet sans tête », je continuais bêtement, n’arrivant plus à m’arrêter de tourner, sur le bitume de cette cour d’école… Je m’arrêtai finalement, quand même, choisissant un banc, pour essayer de mieux récupérer. Si ça allait toujours, en course, par contre, quand je m’arrêtais, c’était là que les « ennuis » commençaient… Et déjà, je me sentais un peu « juste », là. Vite une bonne douche, déjà… et on verrait bien après. Heureusement, Sophie avait pensé à tout, et m’avait ramené le nécessaire… Le temps de trouver les vestiaires pour les «  22
km hommes », et je profitai des derniers bonheurs d’un autre « ballon », d’eau chaude, celui-là, et trop sollicité, à mon goût (j’aurais pu forcer un peu plus, quand même, moi !). Je retrouvais Sophie. Il était 13 heures, déjà. Mais je n’avais toujours pas faim ! Ni soif, d’ailleurs (elle, ça allait encore…), même pas pour la bière ! Juste une envie de me poser, de m’allonger… et d’attendre que « ça » passe. La Clio atteinte, je m’y « lovais » à l’arrière, une heure et demie durant, laissant le parking progressivement se vider, autour de nous. A 14h30, un peu « ragaillardi » (et complètement isolés !), il était temps à présent, de reprendre la route… Vu le soleil au dessus de nos têtes, maintenant, l’envie de faire un peu de tourisme, juste avant de quitter la Franche-Comté, nous tenta, c’est vrai… Et puis, il y avait cette fameuse église « Notre Dame du Haut », de Le Corbusier, à Romchamp, tout à côté, et sur la route du retour, en plus, que
nous voulions déjà découvrir, la veille, en arrivant, Sophie et moi… Mais il pleuvotait, alors. Allez  zou, c’était parti pour aller se faire une dernière virée, avant de s’en retourner. Une dernière petite visite (j’espérais juste qu’il n’y ait pas trop de marches pour accéder  au  site…  ou  alors  un  ascenseur !)… pour terminer ce « week-end en amoureux » un peu particulier, au pays des « belles filles » ! Y en aurait-il d’autres ? Peut être, qui sait... Une chose était sûre, déjà : je pouvais toujours… continuer à rêver !

Ah oui, au fait… Vu sur Wikipédia, le lieu était déjà mentionné  dans  des  écrits  du  XVIe siècle en tant que « lieu peuplé de belles fahys », fahys signifiant « hêtraie » et dérivant
du latin fagus (il existe notamment le village de Belfahy à 3 km à vol d'oiseau de la Planche des Belles Filles). Le terme « belles fahys » aurait dérivé vers le vocable actuel « belles filles »…
C’est sûr, ça fait nettement moins rêver, du coup… A part pour un forestier, bien sûr… un peu coureur à ses temps perdus !
« Mouais… »

« A fond les ballons ! », sur les Crêtes Vosgiennes… par Denis PERL
Dimanche 26 août 2012, 15h30 : Et je suis là, seul, par ce beau dimanche ensoleillé, avachi dans la pelouse d’une aire de repos, au bord de la voie rapide St Dié-Nancy, à essayer de calmer mon estomac qui n’arrête pas de faire des spasmes depuis plus d’une heure… et même s’il n’y a plus rien à régurgiter depuis le début ! Ca me rappelle mes « après-marathons » d’il y a 10 ans… Quelle galère ! Mais comment ai-je pu en arriver là, moi !? 

Retour sur un dimanche de folie…

Le même dimanche, 9 heures plus tôt : Ca y est, je suis fin prêt. Levé depuis 3 heures (je n’arrivais plus à dormir déjà à 2heures...), j’ai eu le temps de me préparer ! Je revérifie mentalement, pour la centième fois, la liste des affaires à ne surtout pas oublier et qui pourrait, ainsi, me jouer un sale tour… C’est bon : j’ai tout ! Jeanne ne devrait plus tarder, maintenant. On avait dit 4h30, mais je suis sûr qu’elle sera là avant… 4h25, j’entends un bruit de moteur dans la rue noire et désertée… C’est elle, j’en étais sûr ! C’est vrai que j’aurais pu aller la chercher, mais j’ai bien trop peur de prendre mon véhicule et d’être à nouveau frappé par mon « syndrome d’après-marathon »… Quelle misère, en 2000, pour revenir du marathon de Toul ! Là, je m’étais promis (et à une autre, aussi…) de ne plus jamais revivre ça : rentrer seul après une épreuve de longue haleine ! Une « épreuve dans l’épreuve »… et tellement plus difficile, encore !

Donc, c’est aussi bien si c’est Jeanne qui conduit, aujourd’hui, même si ça risque d’être un peu fatiguant pour elle, quand même… Je lui avais bien proposé de partir la veille, afin de pouvoir récupérer du voyage avant la course, mais elle ne pouvait pas. On ne sait pas trop combien de temps le voyage va nous prendre, pour nous rendre au Lac Blanc, près du col du Bonhomme, où nous avons réservé la navette qui doit nous conduire au Markstein, une trentaine de km plus loin… Celle-ci part à 7h30 précises ! Et ce serait bien d’être à l’heure… Normalement, ça devrait être bon, d’après « Via-Michelin »… mais bon, autant compter large, on ne sait jamais ! Les affaires embarquées, nous voilà partis pour notre « défi vosgien » : la fameuse Course des Crêtes, du Markstein au Lac Blanc, soit 33 km et 1000 m de dénivelé par les sommets… Cela fait des semaines qu’on en parle, maintenant ! Au début, un peu pour nous stimuler, nous motiver… mais là, dernièrement, c’est devenu vraiment sérieux ! Surtout depuis notre inscription, fin juillet, et suivie d’un entraînement spécifique, chacun de son côté : Jeanne en Corrèze, moi du côté du St Michel… beuvangeois ! A chacun son plan. Le but était de relever ce nouveau défi (on n’a jamais fait cette course, si ce n’est les minis-crêtes (13 km) que j’ai faites en 1996…), et surtout, de le terminer ! Bon, on aimerait bien, secrètement, le faire en moins de 4h (en tout cas, moi…), mais on verra (en fait, il faut compter à peu près son temps sur un marathon pour la durée de cette course atypique… Mais moi, je n’ai plus aucune référence depuis plus de 10 ans !). Cette course est assimilée à un « grand trail », et ce sera véritablement une première pour moi, même si Jeanne a connu quelques expériences corrézienne et pyrénéenne auparavant…

Si j’ai décidé (et promis) d’arrêter les marathons, en 2000, je me sens prêt à tenter « l’expérience Trail » aujourd’hui… rien que pour voir ! On va très vite être fixés…

Dimanche, 6h45 : Ca y est, nous voilà au Lac Blanc ! Bon, plus la peine de stresser : on avait prévu large (une demie heure de battement), mais là, Jeanne a bien roulé, dans la nuit noire et ce fût un voyage sans histoire (à part les miennes (même pas drôles !), histoire de maintenir le chauffeur éveillé !)… Il fait jour depuis peu (6heures et quelques), mais les nuages sont encore bien accrochés, aux reliefs vosgiens, je trouve ! On sort de la voiture, histoire d’aller prendre une boisson chaude, en attendant l’heure du départ… et là, c’est l’horreur : ça caille, ici, avec ce vent frais ! Brrrr !! Du coup, on espère sincèrement que le temps va se mettre au beau, comme annoncé à la météo, il y a quelques jours, puis annulé, et à nouveau (peut être ?) confirmé ! Bref, on n’est sûr de rien, pour aujourd’hui. Thé et grand café (avec l’excellent pain d’épice « fait-maison » de Jeanne… Mmmmhh !) sont donc pris au chalet, en guise de dernier « repas », chalet qui semble, lui-même, tout doucement se réveiller, avec son personnel, prêt à affronter une sacrée journée ! On en profite pour faire la queue devant les toilettes prises d’assaut (comme d’hab’), en cette heure matinale, histoire de « déstresser » nos intestins (vous rigolez, mais c’est drôlement important ! Essayez un peu de trouver des WC sur le chemin, pendant la course…). Bon, il est maintenant temps d’aller se préparer et prendre la navette…

Dimanche, 7h35 : Horreur, nous venons juste de rater la navette !!! Heureusement, d’autres sont prévues, vu le nombre important de coureurs rassemblés… Mais il faut montrer « patte blanche » avant de pouvoir monter dans le bus, et donner ses noms et prénoms, qui sont alors cochés par chaque responsable de car… et ça, ça prend un certain temps, c’est vrai ! On en profite pour faire connaissance avec nos autres compagnons du jour, notamment avec un rombasien déjà aperçu dans d’autres courses régionales… Je reconnais même, au loin, des coureurs de Malling, croisés aux « menhirs » ! Ah, voilà une autre navette ! J’espère que ce sera la bonne, cette fois-ci… En me faufilant, j’arrive à monter dans le bus, trouve deux places assises et attend fébrilement Jeanne, vu le petit nombre de places encore disponibles et qui diminue à vitesse « grand-V » (encore 3 places ! Pourtant, elle était juste derrière moi !?)… Ah, ça y est… La voilà ! Ouf, c’était moins une ! Et nous prenons la fameuse « route des crêtes », étrangement encombrée d’un nombre important de véhicules à cette heure matinale… et malheureusement bien humide aussi ! Car nous sommes maintenant carrément dans les nuages et le chauffeur a même mis ses essuie-glaces ! Ca promet…

Dimanche, 8h25 : Ca y est, nous arrivons enfin au Markstein… toujours dans les nuages et la purée de pois ! On ne voit pas grand-chose ! Nous hésitons, même, un instant à sortir, puis nous nous précipitons au retrait des dossards… Tiens, c’est bizarre : j’ai le numéro 415… et Jeanne, le 416, alors que nous nous sommes inscrits séparément ! Marrant… Puis, nous courons vite nous mettre à l’abri des intempéries, à l’intérieur du chalet ! Waouhhh ! Quel monde, soudain ! Mais on est bien mieux là, au milieu de ces centaines de coureurs qui patientent, se préparent, boivent ou mangent un dernier petit quelque chose, font la queue… Bref, s’occupent en attendant 9h30, l’heure du départ. Bon, allez, il est maintenant temps de s’équiper, ranger ses affaires personnelles superflues dans les sacs persos qui seront amenés à la « navette-sacs » (lunettes de soleil ou pas ? Vu le temps à l’extérieur, ça m’étonnerait qu’il y en ait ! Une couche ou deux ? Deux, sans hésiter !!! Manches courtes ou longues ? Arrête, avec ces questions stupides, s’il te plait !). Bref, le mini sac (un pour deux) est remis au chauffeur, en espérant que les clefs du véhicule ne soient pas égarées dans le transport… Ca y est, ça commence vraiment à pleuvoir, maintenant ! Super… On s’échauffe un tout petit peu, même si on sait bien qu’on va partir doucement. Mais bon, il vaut mieux quand même, vu la température ambiante (en ressenti, vraiment pas beaucoup ! On se les gèle… le bout des doigts !)… Dernier arrêt « pipi » et c’est un peu réchauffés (quel vent, quand même !) que nous rejoignons la ligne de départ, en contrebas, dans un champ… Ah !!! C’est vrai que c’est génial, la chaleur humaine que l’on peut dégager, tous ensemble ! Il faudrait presque pouvoir courir toujours groupés ainsi !!! « 5 minutes ! » annonce le starter. Dernières photos d’ambiance, avant le départ… Plus question de se demander ce qu’on fait là, dans ce brouillard, avec une température à peine positive et cette pluie qui semble reprendre de plus belle, par ce beau dimanche d’été… digne d’un mois de novembre ! « Pan », c’est parti ! « Bonne course ! » . « Toi aussi ! A tout à l’heure… » et nous voilà partis… Et ce sont 1015 personnes qui s’élancent avec nous, impatientes, elles aussi, d’en découdre… et de se réchauffer ! 

Bon, à partir de là, je préfère vous prévenir, il n’y a plus de référence « temps ». J’avais voulu, au départ, prendre, déjà, un appareil de photo, histoire d’immortaliser l’événement, sous toutes les coutures… Mais vu les conditions météo, j’ai laissé tomber. Laissé tomber aussi, le chrono, qui, vu le profil de la course, ne m’aurait servi à rien, non plus… Et c’est donc l’esprit libre et léger (les mains également) que je me « jette » avec bonheur dans mon premier « grand trail » : on verra. Si le départ se fait à plat, voire en faux-plat descendant, très vite on arrive à une véritable piste noire… à remonter ! Marcher… il n’y a que ça à faire ! Afin de pouvoir souffler un peu et récupérer. Très vite, on comprend la technique… Bien sûr, il faut faire preuve d’humilité et savoir… se laisser dépasser, aussi, par ceux qui grimpent plus vite ! Ca aussi, on y arrive rapidement… Jeanne, qui était 10 mètres devant moi sur le plat, est maintenant à 20… C’est sûr, elle est mieux que moi, sur les trails, même si on n’en est qu’au tout début, c’est vrai ! Par contre, je commence à faire le « yoyo » avec d’autres coureurs, avec cette succession, maintenant, de petites bosses (certains sont plus à l’aise dans les montées, les autres dans les descentes ou sur le plat…).

Premier ravitaillement au 5e km… Je me force à boire une à deux gorgées d’eau (choix, également, avec de l’ « Isostar » ou du thé chaud ! Mais pas de « potion magique », pour moi…), pour retarder au maximum la déshydratation (c’est véritablement mon « talon d’Achille », la déshydratation : je suis littéralement incapable d’avaler quoique ce soit en course... encore moins de manger ! Et sur une épreuve de 4 heures, ce n’est pas évident que le corps arrive à tenir sans autres apports que ceux de la veille, ou du petit dej’ (heureusement, déjà, qu’il y avait ce délicieux pain d’épices !)… Plus de signe vie (ou de vue) de Jeanne, d’ailleurs ! Elle est perdue, là-haut, dans le brouillard… Quant à mes « yoyos » rose et orange (oui, j’en ai trouvé même deux !), le fil a dû casser ! Oui, mais c’est peut être le mien (de fil) d’ailleurs, qui a cassé… N’est-on pas tous, le « yoyo » de quelqu’un d’autre, en fait !?

Et la pluie se met vraiment à tomber, parfois en rafale, maintenant ! Heureusement que je suis bien équipé, et avec mes 2 couches + manches longues + casquette (mais complètement trempé depuis un bout de temps !), j’affronte sereinement les éléments… tout en me demandant ce que je suis venu faire dans cette galère, moi ! Bon, j’ai choisi… alors, j’assume ! C’est vrai que c’est vraiment pas de chance, ce temps, pour les paysages et le reste, mais bon, ça aurait été peut être pire encore sous la canicule !? Il pleut tellement que je ne vois maintenant plus rien, avec toute cette pluie qui dégouline sur mes lunettes… et cette buée qui se forme à l’intérieur ! Pas évident de bien voir les rochers et grosses pierres (ou racines) qui surgissent, alors, dans les descentes ! J’en vois même s’affaler dans la boue, devant moi… Moi-même, je m’étale dans l’herbe, à cause d’une pierre facétieuse… Plus peur que de mal ! Petit à petit, on remonte les fermes-auberges qui jalonnent cette belle ligne de crêtes vallonnée, et si plaisante à faire, en rando… en été ! Mais si, on est en été, m… !!! Purée, quel temps, quand même ! Et ça n’arrête pas de monter, de descendre, de remonter, de redescendre… bref, un vrai toboggan (mais ça… faut pas exagérer, on le savait !) ! Le Hohneck est encore loin, jalon de la moitié du parcours (au niveau des kilomètres…). Breitfirst, Schweisel, Batteriekopf, Rothenbackopf, Rainkopf, Kastelberg sont prévus avant en « hors-d’œuvre », avant l’ « ogre » ! Les noms défilent au fur et à mesure, ainsi que le kilométrage restant (mais ça n’avance pas vite, en trail, c’est dingue !) ! Tiens, on arrive aux 10 km, au premier 1/3 bientôt… A quand la moitié ? Petit à petit, je me repère aux paysages immédiats et visibles déjà parcourus avec Sophie, les étés précédents (c’est complètement bouché… et on ne voit rien du tout, mais j’essaye quand même de deviner !), et arrive à me motiver assez facilement, même, avec tous ces « repères » qui finissent par défiler… En fait, le « trail », c’est chouette ! Quand c’est plat, on court comme d’hab’ (c’est normal et assez facile) ; quand ça monte ou descend légèrement (faux plats montants ou descendants), pareil, ça va bien aussi ; quand ça descend raide, là, c’est un vrai plaisir pour moi, sauf quand les sentiers sont encombrés de rochers à contourner ou à escalader… et le tout, sans glisser et tomber (pas évident quand il pleut, mais bon, on arrive à rester vigilants !) ; puis reste les fortes montées où, là… c’est un véritable régal, pour moi ! Combien de fois, j’ai été heureux de voir surgir, devant moi, une montée vertigineuse et sans fin ! C’était le signe qu’il fallait s’arrêter de courir et commencer à marcher, vite… et à récupérer tranquillement, en même temps. Cool, le « trail » ! En tout cas, moi j’adore ! Ca ressemble tellement aux « randos-sportives » solitaires que je peux faire chaque année en montagne… Finalement, ce n’est pas si fatiguant que ça, c’est sympa, facile, presque (si, si ! Ca reste même très ludique !), à la portée d’un plus grand nombre, je pense (ça me rappelle vraiment mon expérience du printemps, au St Quentin …). Bon, c’est vrai, on n’en est qu’au début… On verra si je pense pareil à la fin !

Incroyable aussi, tout ce monde rassemblé dehors, malgré ce mauvais temps et cette pluie cinglante (à la limite du grésil, parfois), à nous encourager, à attendre un de leurs proches, à applaudir des inconnus un peu fous (déjà pour se réchauffer les mains, c’est sûr : c’est qu’on a pratiquement l’ « onglet », aujourd’hui ! C’est vrai, on n’a pas pensé aux gants !!! Je suis obligé de courir les pouces rentrés, au creux des paumes, comme en hiver !), à nous tendre des boissons, à nous indiquer le sentier à prendre… Etonnamment sympathique, cette ferveur, en tout cas ! Et stimulante, en même temps… On se sent moins « seuls », du coup, sur ces crêtes embrumées !

Ca y est, on foule à présent un gazon, un véritable « green » de golf (pas le temps de chercher des yeux le drapeau…), signe que le Hohneck n’est plus très loin, maintenant (ce site m’avait marqué, l’an dernier…), et que l’ascension va véritablement commencer (on en a déjà pas mal montées et descendues, c’est vrai… mais pas des marches comme celles-là ! Soudain ressurgissent de vieux souvenirs au goût de « Formol » de mes collègues qui avaient tenté l’expérience, en leur temps… Souvenirs, souvenirs !). Subitement, la pluie s’arrête et nous voilà à près de 1400 mètres d’altitude, à côté du chalet-hôtel de ce sommet (il faisait si bon manger en terrasse, la dernière fois…), si particulier et mythique, aussi : je suis heureux (et presque fier) d’être déjà arrivé là, sur cet « Everest vosgien » local (là non plus, pas le temps de déployer le drapeau…) ! Et c’est maintenant la descente vers la Schlucht, « A fond les ballons ! » comme dirait « Gégée »… C’est véritablement plaisant, pour moi, et je me régale littéralement, avec cette « course de montagne »… à vaches ! « 531, 532… 533 ! » m’annonce une personne, à mon passage devant elle, aux 3 Fours… Pas trop mal, finalement ! Le col est vite atteint, après avoir traversé quelques forêts de « foyards » (comme ils disent, dans les hauts…), à l’abri des éléments (ça nous change, enfin, des crêtes ventées !), et vite atteints, aussi, les 20 km de course ! « Pour l’instant, tout va bien… », comme on pourrait dire ! Reste donc ces fameux 13 km, ces « minis-crêtes » que j’ai déjà faites une fois, il y a bien longtemps (c’était en 96, il me semble…) ! C’est vrai que mon premier objectif était d’atteindre au moins le début de ce 2e tronçon, histoire d’avoir fait la totalité… même si c’était sur plusieurs années ! Bon, je me sens la force et le courage de ne pas abandonner et, donc, de continuer l’aventure ! Par contre, je n’ai aucune idée du temps (à part celui qu’il fait !)… « Dites… 2h30, qu’on a mit les gars.. » entends-je soudain à côté de moi, moi qui ne voulais pas entendre (ou voir) de chrono. Bon, tant pis. Rapide petit calcul mental… c’est pas si mauvais que ça, finalement (enfin, pour moi, bien sûr !) ! Je pourrais peut être bien arriver sous la barre des 4 heures, si ça se trouve ! Mais là, c’est un faux-plat montant long, très long, interminable, même, qui nous tombe littéralement dessus ! On hésite presque à

marcher, pour dire… Bon, faut juste s’accrocher, c’est tout. Et c’est soudain les racines, les rochers, la tourbe et la boue qui se liguent aussi contre nous (en plus de la pluie, du vent et du brouillard !) : ils se jettent littéralement sous nos runnings, histoire de tester notre vigilance et notre résistance à la fatigue ! Mais, ça va encore, quoique j’arrive à me souvenir, maintenant, combien j’avais détesté cette partie « non-roulante » sur ces sentiers de crêtes ! C’en était même frustrant de ne pas pouvoir vraiment courir !!! Mais bon, il va falloir tenir, maintenant… 

Ravitaillement du Lac Vert : ça y est, il ne reste plus que 8.5 km ! C’est encore bien long et les kilomètres ont tendance à s’allonger… ou le temps à ne pas passer (ou les deux !) ! J’arrive de moins en moins à avaler mon unique gorgée d’eau : ça commence même à m’écoeurer (pas bon signe, ça…) ! Je ne vous parle même pas des aliments solides (banane, pain d’épices, oranges…) que j’ai purement et simplement évités (bon, j’ai bien essayé d’avaler une bouchée de banane, mais j’ai tout de suite senti qu’elle n’allait pas passer, et bien me rester sur l’estomac ! Je n’ai plus insisté, après ça… J’en garde quand même un morceau dans la main, entre deux ravitos… au cas où (on se demande bien quoi, mais bon ! Ca doit sûrement rassurer, quelque part…).

Ca monte sans arrêt dans les rochers, en faux-plat, maintenant : j’hésite de plus en plus à résister à l’envie de marcher… alors que devant moi, ben, euh… ça court toujours ! Dur-dur pour le moral… Et je me fais doubler par de plus en plus de concurrents, je trouve, des dizaines et des dizaines, on dirait bien (car on sent bien que, quelque part, ça reste vraiment une compétition, avec un classement…). Ca va être dur de résister… mais on va essayer ! Je vais essayer ! Dernier ravitaillement annoncé… et il reste encore 4 km ! C’est bon, j’arriverai à tenir jusqu’au bout, c’est sûr, cette fois-ci. J’avale ma demie gorgée d’eau (beurk !!!) et repart de plus belle… Ca va finir par redescendre, c’est sûr ! Et ce sera super… J’attends ce moment avec impatience, un peu comme un cadeau promis à un enfant, pour son petit Noël… En tout cas, j’attends à tout instant que Jeanne me « bipe », comme on avait convenu (« Le premier arrivé prévient l’autre, OK… ? »), mais, bon, toujours rien… Pourtant, j’ai fait attention, je ne l’ai jamais retrouvée à un quelconque ravitaillement ! Elle doit être devant, je pense… Pas qu’elle ait abandonné, quand même, vêtue comme elle était...et sans casquette, ni gants !

Et après maints détours et contours, on traverse une station et sa piste de ski alpin : c’est celle du Lac Blanc, je la reconnais ! Dernier kilomètre annoncé !!! C’est bon, je vais arriver à faire et terminer ce « défi » pas si évident que ça, au départ… pour moi, en tout cas ! Ca descend fortement même. Super, je me régale, une dernière fois ! Mais… Qu’est-ce que c’est que ça !? Une impressionnante montée surgit soudain devant nous ! Bon… marcher ou courir ? Allez, les deux, surtout que les quadriceps me « parlent » soudain, pour la 1ere fois (que dis-je, ils « hurlent », oui !), et je les « entends » trop bien ! Aïe, aïe !!! Allez, je vais tenir (c’est vrai, au fait, pas la moindre crampes, cette fois-ci… Je les avais complètement oubliées ! Tant mieux…), car il n’y a plus que 500m (tout ça, encore !? C’est long, un demi kilo, quand on « rêve » de s’arrêter de courir !).

Puis soudain, j’entends le speaker et aperçoit enfin l’arche finale… J’en ai presque les larmes aux yeux ! Quel bonheur, soudain, d’arriver à destination, malgré ce temps pourri d’automne, qui nous a accompagné tout du long…. Nous, ce petit millier de coureurs, éparpillés sur ces crêtes sauvages et si exigeantes ! Quel bonheur d’en terminer… enfin ! Je ne sprinte pas, cette fois-ci : ça me parait tellement déplacé ! Mais j’arrive à focaliser mon regard sur le chrono de l’arrivée, au moment où je franchi la ligne : 3h50’16… Ouais, super ! Ca me va très bien… même si les 3h45 rêvées étaient, certes, un peu loin pour moi, ce jour-là… 576e, il parait (à confirmer, car il me semble que des centaines de concurrents m’ont doublé, après les 3 Fours…). Soudain, une silhouette noire et connue, devant moi, attire mon regard… Jeanne ! Je l’interpelle, content enfin de la retrouver… et pas si loin de moi, en plus (je pensais qu’elle était bien plus loin, l’ayant vraiment perdue de vue depuis pratiquement le départ… Si j’avais su, on aurait presque pu finir la course ensemble ! Dommage…). C’est vrai que je m’étonnais qu’elle ne m’ait pas encore « bipé ». Je comprends, maintenant… En fait, 1’06 nous séparent seulement… et 20 places ! Rien, quoi ! On a pratiquement couru ensemble, sans le savoir... et sans le vouloir réellement ! Je suis content pour nous, pour elle qui voulait faire moins de 3h50… C’est vraiment super ! Même si notre premier réflexe est de dire, trempés comme des soupes et en claquant des dents : « Plus jamais ça !!! »

Mais c’est une fois arrêté, que tout arriva… Pendant que Jeanne allait s’alimenter et se désaltérer, je serrais déjà les dents… Autant j’avais été bien (si, si, vraiment…) durant toute la course, autant là, à l’arrêt, ça n’allait vraiment plus, subitement ! Mon estomac finissait par se révolter d’avoir été « oublié », de n’être plus « bercé » par la course, aussi, peut être… Bref, mon corps entier était en pleine révolution ! Ca n’allait pas se passer ainsi ! Ca allait « exploser », c’était sûr ! Récupération du sac, auparavant (avec la clé de voiture… ouf !) et direction le véhicule, qui servit de vestiaire improvisé (et surtout, abrité !) où l’on se changea rapidement, tout en tremblant de partout ! On était véritablement, et soudainement, complètement gelés !

Une fois au sec dans des habits propres, je n’ai pas eu la force d’accompagner Jeanne au chalet et je l’ai laissée aller se réchauffer, seule, autour d’une bonne tasse de thé (et d’une tarte aux brimbelles !), pendant que moi, j’essayais vainement de lutter avec mon estomac récalcitrant ! Les spasmes arrivaient et pourtant rien ne voulait sortir… puisqu’il n’y avait effectivement rien, de toute façon, à rejeter ! Bref, je vous passe les détails… Je me serais bien allongé par terre, mais ce n’était pas possible, avec ce mauvais temps ! Jeanne réapparut, en pleine forme (et réchauffée ! C’était déjà ça…), prête maintenant à repartir vers Thionville… Impressionnant ! Heureusement que c’était elle qui conduisait, c’est sûr… Je n’étais pas mécontent de ne pas avoir pris la voiture ! Et c’est sans plus attendre que nous quittions « le Lac Blanc », vers les 14h45, pour rejoindre Thionville, via la voie rapide qui nous conduisit à cette fameuse aire de repos de Baccarat, l’« aire du cristal »… Jeanne en profita pour filer aux toilettes, pendant que je m’occupais, encore, de mon estomac…sans résultat, comme toujours ! Mais, ça allait un peu mieux. Un automobiliste, un bébé sur les bras, s’approcha même de moi, visiblement intrigué par mon état, et me proposa même de l’aide et un peu d’eau… « Merci, ne vous en faites pas, mais ça ira… » lui ai-je répondu, apercevant Jeanne qui s’en revenait, et nous reprîmes la route… et ce, jusqu’au prochain arrêt ! 

Dimanche, 17h15 : Ca y est, me voilà arrivé à destination… Enfin ! Interminable, ce retour… Il ne me reste plus qu’à prendre congé, à regret, de Jeanne (désolé d’avoir été une si mauvaise compagnie pour ce retour, elle qui pète le feu… et a même, carrément, « la dalle » ! Quelle chance !!! C’est bon signe, en tout cas…) et à retrouver mon lit, pour essayer d’attendre que « tout » ça, s’arrange, que je puisse enfin me réhydrater et me réalimenter normalement (je n’ai rien pris de solide depuis le petit dej’ et de liquide, depuis le dernier ravito : j’ai perdu pas loin de 4 kg durant la course, soit plus de 5% de mon poids… Pas bon, ça !), mais ça va déjà un peu mieux... Demain, on n’en reparlera plus… du moins, autrement, en tout cas ! Et dimanche, je serai peut être aux « Baroches », si ça se trouve ! Mais avant, on compte sur moi pour un emménagement, lundi ! Alors… repos illico !!!

Bon, c’était vraiment une sacrée journée, pour nous, ce dimanche… Une vraie journée de folie, ces Crêtes Vosgiennes… Un défi ? Une aventure ? Une épopée ? Un rite initiatique ? Qu’importe les qualificatifs, mais je suis content de l’avoir faite, cette course, avec Jeanne, avec tous les autres, ce jour-là… et dans ces conditions (ça me rappelle un peu, d’ailleurs, mon dernier Marseille-Cassis, couru sous la pluie… et en pleine alerte orange !), et ce, malgré mon état, après…


Voilà. C’est tout.

 Alors, c’est quoi le prochain « défi » ? Et avec qui ?



A suivre…


Le trail du Konacker... par Denis PERL

Une si belle journée !
Pour une fois qu’il y avait un trail qui se passait chez moi, dans « mes forêts »… je ne pouvais vraiment pas rater ça !
En fait, je l’avais déjà fait l’an passé, ce « cross du Konacker » (course-verte de 13 km), et, effectivement, il passait, entr’autre, par une partie de la forêt communale de Thionville, à savoir le secteur forestier de Beuvange-sous-St Michel, dont j’avais la charge, partie on ne peut plus vallonnée… mais très sympa, au demeurant ! Une chouette 1ere course que l’on avait découverte avec Jeanne, l’an passé, et qui nous avait bien plu, à tous les deux. Mais au fait… je n’avais vu aucune déclaration de manifestation passer, moi ! Bizarre…
Jeanne était partante, à nouveau. Même après son trail de 50 km, de dimanche dernier ! Moi pareil, avec mes 14 km… Car, j’étais presque en « manque », suite à mon dernier week-end de « coaching » sur Épinal… Il fallait que je pense un peu à moi, que je me « rattrape », en quelque sorte.
C’était ainsi que dimanche matin, de bonne heure, et de bonne humeur (sans les délais de route, cette fois-ci… c’était quand même mieux !), je me déplaçai en bordure de la parcelle 33A, juste à côté du CES Jacques Monot du Konacker (le gymnase qui nous accueillait, était attenant). Bien sûr, comme le veut la tradition, « Plus c’est près… moins on arrive à l’heure ! », j’arrivai une petite demie heure avant. Jeanne, Martial, Jean (de retour sur les compétitions, depuis notre super « trail des Leuques », du début octobre…) étaient déjà là, presque en train de s’échauffer ! Comme il n’y avait pas trop d’attente aux inscriptions (dommage qu’il n’y ait pas plus de pub pour cette chouette course, gratuite… et sans aucune nécessité de fournir le fameux certificat médical, qui plus est !), ce fut rondement mené. Et je rejoignis Jean pour quelques tours de terrain, avant le signal de départ prévu à 9h30… Il me semblait entendre de l’ « animation », dans la forêt nous surplombant, comme si on y traquait avec des chiens… Jean me fit remarquer que ce n’était pas possible, de toutes façons, vu la course… Effectivement ! Que j’étais bête… Il ne faisait pas très chaud, mais pas très froid, non plus : un petit 5°C, mais certainement avec un peu de vent sur les hauteurs… Car ce petit trail, partant de la vallée, montait jusqu’au plateau d’Algrange, passait au pied du St Michel, petite butte témoin de 400 m de haut, puis par le col de Scharren (le seul col du coin, en tout cas), une longue traversée du plateau du Witten, avant la redescente finale sur Nilvange-Le Konacker, pour rallier le stade du CES... Que du bonheur, quoi ! Enfin, jusque là, j’en étais intimement persuadé…
Et c’était parti (après, certes, un petit faux-départ…) pour la centaine d’inscrits, malgré tout ! Traversée, donc, de la chênaie-charmaie de plaine, sur des sentiers légèrement boueux, tout de même,
puis celle de champs et de vergers à Beuvange, avant d’attaquer l’ « ancienne route du St Michel », transformée en piste cyclable depuis peu. Je connaissais bien cette montée, car c’était mon parcours d’entrainement, quand je voulais faire des trails avec du dénivelé : 250 m pour 2 km d’ascension ! A faire autant de fois qu’on pouvait ! Sauf que là, ce ne serait qu’une seule fois… J’avais remarqué le retour de Guy, sur cette course (P4B2, quoi !) et, complètement dans ma bulle, je le dépassai dans la côte (ainsi qu’Armand), sans trop m’en rendre compte, lui qui pourtant, me mettait « la pâtée », habituellement… Bizarre, quand même, mais bon, je n’allais pas m’arrêter à ce petit détail (surtout pas en pleine côte !) … Fin de la montée (Jeanne était un peu plus loin, en fait…) et arrivée sur le plat, le long de la voie rapide, qui menait à Angevillers. Et là, j’entendis une respiration, parvenant à ma hauteur… Une fille du Trityc (club local de triathlon), aperçue tout à l’heure, car garée juste devant ma voiture, me rattrapait, assez facilement même. Après l’avoir félicité pour cette belle remontée, je me décidai (si ça ne la dérangeait pas !) de courir avec elle, augmentant ainsi légèrement mon effort (oui, je pouvais encore le faire, à ce moment-là !). On en profita pour « papoter », car elle s’inquiétait, un peu, sur la suite du parcours… Je lui indiquai qu’il n’y avait plus qu’une toute petite grimpette sur une route en lacets, avant de déboucher définitivement sur le plateau. Après, c’était plat, et puis, ça descendait… et c’était fini ! Fastoche, quoi. Le plus dur était donc pratiquement fait ! Arrivèrent les fameux virages en épingle à cheveux, menant à la ferme de Scharren, et soudain, dans un virage… Anne-Marie apparût dans le viseur ! Enfin, non… c’était plutôt nous ! Car c’était elle, la photographe attitrée de la course, aujourd’hui (vu que Martial participait à la course, depuis qu’il avait laissé tomber le vélo… ou l’inverse, plutôt !) ! Nous décidâmes donc, tous les deux, et d’un commun accord, de nous présenter à elle sous notre meilleur jour, à savoir, oublier ce fameux rictus dû à l’effort, et être « tout sourire » pour une sympathique photo-souvenir ! Et Séverine (oui, c’est ainsi qu’elle se prénommait) me prit tout naturellement la main (décidément, ça devenait une habitude à chaque course, maintenant… ! J’en étais presque gêné, c’est vrai… Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous !?) et c’est ainsi que nous sommes passés fièrement devant la photographe postée. Mais, sitôt les clichés pris, nous déchantions déjà, car la route se fit encore plus raide et nous obligea même à marcher… Comme ceux devant nous, d’ailleurs (tiens, mais c’était Jeanne et son coach, là, 10 mètres devant nous !) ! Quelques dizaines de mètres pour récupérer en soufflant… et c’était reparti en courant ! Nous étions maintenant sur le plat, et me sentant toujours aussi bien, j’en profitai pour accélérer un peu encore (mais qu’est-ce qui m’arrivait donc aujourd’hui !?). Je me retournai pour voir si Séverine « accrochait », mais je n’en étais pas trop sûr, finalement… Oh, elle allait bien finir par me rattraper, c’était sûr, vu la facilité avec laquelle elle était revenue à ma hauteur… Pour l’instant, c’était moi qui essayais d’accrocher Jeanne, et je finissais même par la dépasser, une fois arrivé en forêt privée… Et là... oh surprise, on se retrouva nez à nez avec, non pas des signaleurs, tout d’orange fluo habillés, mais… des chasseurs ! Ben oui, c’était bien « chasse », aujourd’hui… et comme j’aurais dû m’en souvenir, si j’avais pensé à regarder le programme des battues ! Et comme les organisateurs n’avaient certainement pas demandé l’autorisation à la commune de Thionville… je n’y avais pas pensé, non plus ! Heureusement, nous courions sur la ligne de tir, c'est-à-dire, celle sur laquelle les fusils étaient postés. Les chasseurs nous voyaient donc assez facilement débouler dans « leur terrain de
jeu », faisant plutôt grise mine, apparemment, le fusil cassé… Et c’est qu’il y avait encore du monde, derrière, nous, vu qu’on était à peu près à la moitié ! J’essayais de m’excuser, en passant à côté d’eux, mais rien n’y faisait. Ce n’était pas ainsi qu’ils feraient leur quota de sangliers, aujourd’hui, eux ! Enfin sortis de la traque, après quelques « chassés-croisés » avec Jeanne et son compagnon d’échappée (Séverine ne nous avait pas encore rejoint), nous finissions, tous les 3, par arriver au col, et donc… au ravitaillement ! Un petit verre d’eau, pour les éventuelles crampes, et c’était déjà reparti… Je ne me retournais même pas en arrière, pour voir si les filles me suivaient, et m’élançai aussitôt à l’assaut de la dernière côte…. Car il y en avait une dernière, de côte ! Je l’avais complètement oubliée, celle-là… Surtout qu’elle n’était pas piquée des vers, car toute boueuse et glissante (j’espérais que Séverine ne m’en voudrait pas trop, et que ça irait, pour elle, quand elle s’essaierait à un patinage… « non artistique » ! On verrait ça, après…). J’arrivai tant bien que mal sur le plateau (oui, c’était bien fini
pour les montées, maintenant… Là… c’était sûr !!!), ce long plateau du Witten, celui où les aéromodélistes venaient « jouer » les dimanches… à la grande « joie » des riverains, vu les inscriptions taguées à la peinture à même le « tarmac » ! Mais personne, ce matin-là… Puis nous arrivions, enfin, au premier émetteur-relai, point de départ, aussi, du fameux sentier de découverte des « pelouses calcaires d’Algrange-Nilvange »… J’adorais ce sentier thématique, ça allait être extra d’y courir, aujourd’hui ! En effet, c’était roulant à souhait, car l’on suivait un itinéraire ondulant, limite VTT : c’était plein de micro-bosses, ici et là, car il y avait, aussi, des mines, là-dessous… Donc, quelques effondrements, évidement aussi (la parcelle 32 de Thionville, vieille hêtraie de côte, juste en dessous de nous, à notre gauche, en faisait les frais… Dur, dur, pour les exploitations !). J’entendais Guy et Armand derrière moi, étonnés de me voir toujours devant eux… « Tu triches, Denis !». « Ah bon !? ». « Oui… tu t’entraines en cachette ! ». « Ah non, même pas ! Juste des compétitions ! » répondis-je à Guy… pour rire, quoi ! Bien sûr, que je m’entrainais quand même un peu… entre chaque compétition dominicale ! Nous passions devant les fameux panneaux pédagogiques, installés sur le sentier, mais pas trop le temps de s’y attarder, cette fois-ci ! Faudrait revenir… Par contre, y en avait un qui aurait pu certainement le faire, vu sa démarche boitillante : entorse, à tout les coups ! Aïe, pas de chance pour lui… Attention, il ne s’agissait pas que ça m’arrive aussi ! Ca y est, la descente était déjà annoncée… et à grands cris, même, par Philippe du FOC, qui ne courait pas, aujourd’hui mais était, évidement, signaleur, vu le jumelage UAK/FOC… Guy et Armand, avec leurs grandes jambes, en profitèrent pour me dépasser et filer à fond de train dans le raidillon ! Je restais plutôt prudent, les feuilles de hêtre jonchant le sol, pouvant être si traitres, parfois… Mais toujours pas de Jeanne, ni de Séverine (je ne me retournais même pas, persuadé qu’elles ne devaient pas être très loin…) ! Finalement, nous arrivions au début de Nilvange : il ne devait plus rester grand-chose… 1,5 km, à tout casser ! Ce serait donc une « corrida » en ville, maintenant, et pour finir, puisque nous devions traverser la cité-dortoir pour
rejoindre le stade de départ, en bordure de forêt… J’entendais à présent le « coach » de Jeanne (qui n’avait cessé de l’encourager tout du long… Quelle ténacité !) qui la poussait encore à se dépasser… enfin, à me dépasser, plutôt (ça devrait être interdit, ces choses-là…) ! Et c’est qu’elle fit, en plus, en bon petit soldat qu’elle était, sans un regard sur le simple coureur que j’étais, soudain, redevenu… C’est qu’elle était concentrée, la miss ! On l’avait, depuis quelque temps, annoncée 1ere féminine, c’était vrai aussi… C’était bizarre, quand même que Séverine ne soit pas revenue sur nous, depuis le temps… Qu’est-ce qu’elle faisait !? Je la voyais assez naturellement en tête, moi… voire gagner chez les filles ! Bon, elle ne devait certainement pas être très loin, et se préparait sûrement à produire un dernier effort sur la fin, si ça se trouvait…Un petit sprint final, qui sait !? On allait bien voir, ce qu’on allait voir ! Mais c’était Jeanne qui était devant moi, pour l’instant… Aussi, je me décidai à l’accrocher, à les accrocher, plutôt… Non mais ! Et l’ « autre » qui n’arrêtait toujours pas de l’encourager ! C’était décidé, je tiendrais jusqu’au bout ! Et je courais juste derrière eux, faisant bien attention… à ne pas les dépasser ! Jeanne n’aurait pas supporté ça, que je lui fasse le coup de « Danne »… Ce fameux trail de printemps où un gars était venu, malencontreusement, la dépasser dans les tous derniers mètres, la coiffant ainsi, au sprint, sur le poteau, comme ça, sans aucune autre forme de politesse ! Bon, il s’était excusé, par la suite, c’est vrai… après que Jeanne lui ai fait la remarque… OK, le message était bien passé ! Dernier virage, que nous prîmes sur les « chapeaux de roue » (on était tout haletants, à la limite de l’apoplexie… enfin, surtout moi, quoi ! Allais-je tenir ? Il le fallait bien !). Le gymnase (et donc le stade) était en vue, à présent : il restait 200m… Le « coach » et moi, entourant maintenant la 1ere féminine (c’était sûr), nous nous apprêtions à rentrer (tous les 3) sur l’anneau d’athlétisme : une nouvelle jolie petite victoire, pour Jeanne, assurément ! J’étais plutôt content (c’était en plus, la 1ere fois que j’arrivais à terminer une course en même temps qu’elle, vraiment ! Devant, OK… derrière, OK… mais jamais ensemble, comme aujourd’hui ! Maintenant, il y aurait « Le Konacker 2013»…). Je rêvai soudain, même, d’une arrivée mains dans les mains (ben oui, on était trois !), mais la miss était tellement concentrée qu’elle filait, seule, vers la ligne d’arrivée, sans même se retourner… Tant pis. Top chrono ! Ca y était, c’était fini. Waouw !!! Quelle course, tout en relance et si tonique, ma foi ! Ca faisait bien longtemps que ça ne m’était plus arrivé… Je félicitai mes compagnons de course (super, Jeanne !!!). Et que disait le chrono, au fait ? On avait parfois de ces surprises : de super bonnes sensations, mais, hélas, bien trompeuses… ! Alors, verdict !? 1h 06’10 ! Ben dis donc… L’an passé, je faisais près de 3 minutes… de plus ! Et Jeanne était un peu plus derrière moi, encore !! Quelle progression… A moins que ce ne fussent le temps, le terrain moins gras !? Peut être… mais pas si sûr ! Bon, il était temps, à présent, d’accueillir Séverine, la sympathique triathlète… qui ne
nous avait pas doublé, au fait, mais qui ne devait pas être très loin ! Arrivaient les autres concurrents, puis, soudain, la 2e féminine (ce n’était toujours pas elle…), puis la 3e…la 4e… Ben alors, qu’est-ce qu’elle faisait ? Que s’était-il passé !? Ce n’était presque pas possible, une telle défaillance ! Bizarre… Et les concurrents arrivaient les uns après les autres (il n’en restait plus beaucoup, maintenant…) et toujours pas de trace de la triathlète ! C’est que je m’inquiétais presque, moi qui ne la connaissais même pas… Tiens, Jean arrivait à son tour... Et il avait l’air content de lui, en plus ! Tel un ancien de l’UAK, revenant courir sur ses terres… Abandonnant mon poste, j’allai me restaurer, moi aussi… C’est que la pasta-party était comprise aussi dans le prix ! Même si on n’avait rien payé… Sinon, si on n’était pas « pâtes », plein de bonnes choses à boire ou à grignoter, et surtout… refaire la course avec tous les autres ! J’y retrouvais Martial, boitillant, lui aussi ! Encore une entorse, décidément… Dur, dur pour lui, car il s’était inscrit (comme moi) au trail de nuit de Hussigny, samedi prochain… Me faisant « engueuler » parce que j’étais rentré dans le gymnase avec mes chaussures de trail (même pas trop crottées, mais bon), je quittai Patou, Wilfrid et Jean-Patrick et sortait, profitant ainsi pour aller me changer. C’est là que je vis les bénévoles de la Croix-Rouge, affairés autour de leur ambulance… avec quelqu’un à l’intérieur, vu le gyrophare qui tournait ! Ne serait-ce pas … non… pas Séverine, quand même !? Je posai la question fatidique, et me fis confirmer qu’il s’agissait bien d’une athlète qui aurait eu une bonne entorse, enfin, c’était le premier diagnostic… Je reconnus les deux amis qui l’accompagnaient, attendant à côté, et leur posai, à eux aussi, la même question. Oui, c’était bien elle ! Zut !!! Quel dommage, j’aurais tant aimé qu’elle finisse cette course… qu’on la finisse ensemble, pourquoi pas, comme c’était si bien parti ! Enfin, si ça avait été le cas, je l’aurai certainement, elle aussi, laissé passer devant… si elle ne m’avait pas, à nouveau, pris la main, à l’arrivée… et comme tant d’autres l’ont fait, ce jour-là ! Dommage… Et quelle belle bataille cela aurait pu être avec Jeanne, aussi ! Je les chargeai, s’ils voulaient bien, de lui souhaiter un prompt rétablissement, en espérant la revoir sur d’autres courses, très prochainement… C’est tout ce que je pouvais faire, hélas, pour elle, à ce moment-là ! Et la fête en fut, quelque peu gâchée, tout d’un coup, avec ce petit nuage noir qui était soudainement apparu dans le ciel bleu…
Je retournai, alors, dans la salle, pris un dernier petit café, dis au revoir à Jean, qui partait, lui aussi, pour s’en retourner sur Metz, les autres étant déjà pris dans la spirale de la remise des prix qui commençait juste, et où Jeanne allait être, à nouveau, sacrée « reine du jour »…
Et c’est précédé de l’estafette de la Croix-Rouge, qui partait directement pour l’hôpital de Bel Air, gyrophare allumé, que je m’en retournai sur Thionville, le coeur un peu gros…
Dommage, ça aurait pu vraiment être… une si belle journée !

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